Célébré depuis l'aube de l'humanité, l’oeuf symbolise la fertilité,
la création et la vie nouvelle.
Cependant, il fut longtemps considéré comme un aliment exclusivement
printanier, mais il devint vite un
élément essentiel de
toutes nos traditions culinaires.
Chez tous les peuples anciens, chez les Persans comme chez les Celtes,
on fêtait l'équinoxe de
printemps en offrant des oeufs,
qu’on n’hésitait pas à partager. Peints en rouge, on prenait ensuite grand soin
d'en écraser la coquille, rituel qui permettait, croyait-on, de chasser
l'hiver.
Paradoxalement, c'est l'interdiction même d'en consommer
durant les 46 jours du Carême, instauré
au IXe siècle, qui fera
le grand succès de l’oeuf de Pâques. On
accumulait les oeufs qui,
une fois le jeûne terminé,
étaient offerts aux serviteurs et aux enfants,
qui s'en régalaient généralement en
préparant une immense omelette pascale.
Puis, la pratique se raffine et, la noblesse trouvant de quoi meubler son
oisiveté, chacun occupe les derniers jours de l’hiver à décorer les
oeufs
qu'on donnera à sa belle, à son maître ou à son roi. Dès le XVIe siècle,
la cour de France est très friande de
ces oeufs de printemps,
dont certains sont ornés par les plus
grands artistes de l'époque.
Toutefois, c’est à la cour des tsars de Russie que la popularité de l’oeuf
de Pâques
atteint des sommets inégalés. Le génial
joaillier Carl Fabergé confectionne,
vers la fin du XIXe siècle, des oeufs
faits avec de l'or, du cristal
et de la porcelaine. Depuis, au sein de
plusieurs cultures, des oeufs décorés
à la main sont échangés en guise de cadeaux printaniers et jouent un rôle
très important dans les cérémonies
religieuses le matin de Pâques.
Certaines familles conservent précieusement leur collection d’oeufs,
transmis de génération en génération.
Émergeant tout droit des plus vieilles croyances, rapporté de Rome par le
retour
des cloches ou mystérieusement pondu par
le lapin de Pâques, l’oeuf décoré,
cru ou cuit, plein ou vide, en bois, en
argile ou en argent, en sucre ou en
chocolat, restera encore longtemps un
témoignage incontestable d'amour et d'amitié.
À qui offrirez-vous votre oeuf cette année?
Quelques traditions...
Les oeufs pondus le Vendredi saint et mangés le matin de Pâques sont
censés préserver des fièvres durant toute l'année! Jetés au cœur d'un incendie,
ils auraient le pouvoir d’éteindre
aussitôt celui-ci. Et enterrés dans le jardin
ou au bout d’un champ, ils éloigneraient
la foudre et la grêle, et protégeraient les ruches.
Des oeufs dans le sirop
Douceurs interdites en temps de Carême, les «oeufs dans le sirop» font
cependant partie de plusieurs traditions du repas pascal. D’ailleurs,
autrefois,
on servait du sirop d’érable ou du sucre
d’érable dans une coquille d’oeuf
peinte aux couleurs de Pâques.
La course aux oeufs
Vieille tradition française, la course aux oeufs consiste à laisser
rouler des oeufs crus, marqués du signe
distinctif de leurs propriétaires,
du haut d'une pente douce. L’oeuf ayant
«survécu» au terrain accidenté et
aux attaques des oeufs concurrents est alors déclaré «oeuf de la victoire».
Il symbolise la pierre du tombeau qui
roula sur elle-même pour livrer
passage au Christ ressuscité.
Histoire allemande
Une tradition, venue d’Allemagne et observée également dans plusieurs
régions du Québec, veut qu'on suspende des «oeufs rouges» aux branches
des sapins, autre puissant symbole de renouveau et de pérennité.
Armoiries style «rococo»
Si les nobles français peignaient leurs armoiries sur les oeufs qu'ils
offraient
à Pâques, les bourgeois et les paysans
se contentaient plus souvent qu'autrement
d'enduire les oeufs frais pondus de cire colorée, ce qui les enjolivait et en
assurait
la parfaite conservation.
Guerre de Pâques
Les «guerres de Pâques», ces batailles rangées à coup d'oeufs crus,
étaient pratiquées dans toute l'Europe médiévale. La plus célèbre reste sans
doute
celle qui opposa, vers
975, l 'évêque et le doyen de
la région de Chester,
en Grande-Bretagne, aux choristes de la cathédrale. Tous les belligérants
s'étant assurés d'importantes réserves de «munitions», l'escarmouche éclata
en plein milieu du service pascal et dura une bonne heure! Les registres
précisent que, plusieurs semaines plus
tard, on entendait encore craquer
sous les sandales les coquilles
éparpillées
L'oeuf ou la poule?
Avez-vous résolu cette énigme? Qui apparut sur Terre en premier:
l'oeuf ou la poule? En fait, il semble que les toutes premières pondeuses
reconnues furent des canes et des oies provenant de Chine, il y a plus de
6 000 ans. La poule apparut en Inde 2
000 ans plus tard et fit son entrée
en Occident qu'au Ve siècle avant notre
ère. Mais une légende prétend
que l'oeuf vint en premier et qu’il
aurait été pondu par... un lapin de Pâques!
Un «chef-d’oeuf» de la nature!
Les oeufs sont uniques, car ils contiennent pratiquement tous les éléments
nutritifs essentiels à une bonne santé.
Rendons grâce à Dame Nature,
qui a mis quelques centaines de millions d'années à perfectionner ce système
ultra-spécialisé et parfaitement
autonome permettant au petit poussin de se
développer. En plus d'être extrêmement nutritif, économique et facile à
cuisiner,
l'oeuf sert à donner la vie. Ne
s'agit-il pas d'un aliment parfait?
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